Bibliogr. p. 86-95

La passion de la pédérastie, surtout lorsqu'elle a été contractée dans le jeune âge, abâtardit les natures les plus vigoureuses, effémine les caractères les mieux trempés et engendre la lâcheté... Ainsi s'exprime Felix Carlier, chef de la police des moeurs à Paris dans les années 1850. Les médecins se mettront au diapason. Sous le second empire, la répression de l'homosexualité devient l'obsession des autorités. L'auteur fait revivre pour nous cette époque charnière de l'histoire de l'homosexualité en France.

A partir de 1850, l'empire autoritaire de Napoléon III a atteint son apogée. C'est le règne des banquiers, des grands magasins, de l'urbanisme rationnel, le règne d'un ordre moral qui doit tout au zèle de la police. Ce Second Empire, prospère à défaut d'être glorieux, Pierre Hahn l'analyse dans son rapport avec la pédérastie. Car il semble bien que ces odieux pécheurs, appelés de noms divers et le plus souvent méprisants, hantent les nuits des bourgeois inquiets. Encore une fois les petites histoires de la sexualité racontent l'histoire de la société, de ses préjugés, de ses superstitions. Situations tragiques ou cocasses, policiers indignés, médecins qui donnent à leurs craintes et leurs fantasmes le masque d'explications « scientifiques », confessions étonnantes, crimes et attentats aux mœurs, toute la comédie humaine se révèle dans les textes choisis et commentés par Pierre Hahn. Pour mieux nous faire respirer l'air du temps, il a donné la parole au policier, au médecin légiste, à Emile Zola et enfin aux intéressés eux-mêmes. Pierre Hahn évoque, avec un talent d'universitaire et d'écrivain, la vie quotidienne des exclus du Second Empire.