À partir de l’étude de deux autobiographies de femmes transgenres publiées dans les années 1970 en France – L’Étiquette de Barbara Buick (1971) et Travelling : un itinéraire transsexuel de Kathy Dee (1975) –, ce mémoire de Master 2 en Études sur le genre analyse les liens entre le genre autobiographique et les transidentités. Il a d’une part pour objectif d’explorer les raisons qui pourraient expliquer la prédominance à la fois temporelle et quantitative du recours à ce type de récits dans la représentation littéraire des personnes transgenres à partir du milieu du xxe siècle. D’autre part, nous soulevons à travers l’étude de ces œuvres les points de tension entre l’écriture d’une autobiographie par un·e auteur·e trans et la définition de ce genre, telle qu’elle a été élaborée notamment par Philippe Lejeune. L’exigence de transparence qu’induit la publication d’un tel récit semble en effet entraîner des problématiques particulières dans le cas des personnes transgenres. L’étude des œuvres de notre corpus révèle l’importance accordée par les autrices à l’écriture de leur autobiographie en parallèle de leur transition et ce, quelle que soit la forme prise par celle-ci dans les œuvres. L’écriture d’une autobiographie peut alors être dans une certaine mesure conçue comme partie intégrante de la transition de genre. Inversement, cette transition influence les choix narratifs et structurels des autrices, ces choix étant mis en relation avec leur conception respective de leur transidentité. Mais cette dimension personnelle du projet autobiographique ne doit pas faire oublier une autre justification de la publication de ces récits : celle d’offrir un point de vue personnel sur les conditions d’existence des personnes trans en un lieu et en une période données. L’association de ces différentes caractéristiques semble alors expliquer la prédominance des récits autobiographiques parmi la production littéraire par et sur des personnes trans au cours de la seconde moitié du XXe siècle.