Bibliogr. p. 643-663

Jamais, comme en ce début du XXIe siècle, la femme n'a été soumise à une telle exploitation. D'un côté, l'Occident développe une culture pornographique effrénée qui va de pair avec le viol et la pédophilie. De l'autre, le trafic sexuel international jette sur le marché des milliers de femmes et d'enfants du tiers-monde et de l'Est. Il s'agit là d'un esclavagisme moderne que les États tentent de réglementer soit en le légalisant, au risque de renforcer l'organisation proxénète criminelle, soit en le tolérant, luttant ainsi contre les effets plutôt que les causes. La prostitution industrialisée et planétaire ne diffère pas, dans son essence, de celle d'autrefois : elle nie la femme comme personne et la réduit à l'état de marchandise. À travers elle, l'homme montre son visage de prédateur : le client comme consommateur, le proxénète comme parasite, le législateur comme complice.
C'est à la lumière de cette manipulation d'une violence extrême, incarnation la plus spectaculaire de l'aliénation féminine, que ce livre traite de la prostitution. L'auteur s'interroge sur le désir dévoyé et le rôle de l'argent, sur la place du client et celle du « mac » dans ce commerce sexuel où la prostituée est perçue à la fois comme femme fétiche et femme maléfique. Enfin, la prostituée revêt depuis toujours une apparence fantasmatique : mythe incarné dont les formes ont inspiré l'art et la littérature depuis l'Antiquité. Au travers de rapports ambigus avec le sacré, la prostituée nourrit l'imaginaire et la création peut ainsi s'offrir comme transgression et figure métaphysique du flirt avec la mort.
Cette recherche, qui s'appuie sur une documentation riche et vivante (entretiens, récits, enquêtes, reportages, romans, films...), se veut une synthèse ambitieuse des différentes facettes de l'univers prostitutionnel, pour atteindre une réflexion globale sur la condition féminine.