Le bar lesbien, un commerce militant en voie de réapparition à Bruxelles / Émilie Martineau ; sous la direction de David Paternotte [Mémoire]

Main Author: Martineau, EmilieCoauthor: Directeur de recherches, Paternotte, DavidCorporate Author (Coauthor): Université Libre de BruxellesLanguage: français.Country: Belgique.Publication: Abstract: Le dernier bar lesbien de Bruxelles a fermé définitivement ses portes en 2003, soit il y a quinze ans. Loin d’être une exception, Bruxelles semble s’inscrire dans un phénomène commun aux grandes villes d’Europe et d’Amérique du Nord : la disparition des bars lesbiens. Pour autant, j’ai choisi de ne pas questionner frontalement les raisons de ce supposé phénomène - tant elles sont empreintes d’un imaginaire relevant parfois de stéréotypes de genre et sur les lesbiennes -, mais de m’intéresser à l’espace-temps particulier que représente et propose le bar lesbien. En effet, ce lieu touche à la fois à la socialisation et à l’organisation politique des lesbiennes, tout en étant un établissement commercial avec ses enjeux économiques de viabilité et de rentabilité. Aussi, mon travail s’est basé sur la question de recherche suivante : l’articulation des enjeux économiques et politiques est-elle un frein à la pérennisation des bars lesbiens à Bruxelles ? Afin de contextualiser mon enquête, je me suis d’abord appuyée sur des textes fondateurs de la pensée du lesbianisme. Aussi, j’ai pu établir la position sociale, culturelle et politique propre aux lesbiennes, catégorie sociale qui se trouve à l’intersection des rapports de genre, de sexualité et bien souvent de classe. Ces rapports les placent en dehors de la matrice hétérosexuelle et de la masculinité hégémonique, ce qui leur coûte en visibilité mais leur offre aussi un positionnement stratégique de résistance à l’oppression de genre et à l’hétéronormativité. L’existence lesbienne reste un lieu complexe, où se croisent les lignes de clivage et les corps, dans une diversité qui lui confère des frontières bien poreuses. D’un point de vue militant, les lesbiennes se voient organiser une lutte commune pour leur visibilité et leur appropriation de l’espace public, lutte qui leur est propre mais qui se fait parfois en coalition avec les mouvements féministes et LGBTQI+. Le bar lesbien apparaît au cœur de cet effort, en ce qu’il représente un levier de visibilisation des lesbiennes dans l’espace urbain, mais aussi dans les sphères entrepreneuriale et politique. Il est un espace-temps institué lesbien, où l’on peut s’autoémanciper en vivant son existence lesbienne, tout en organisant la résistance contre-hégémonique. Pourtant, l’objet “bar lesbien” est presque absent de la recherche, dilué dans les spatialités gays ou relégué à l’histoire passée. C’est alors dans l’optique d’apporter ma modeste pierre à l’édifice que devrait constituer le champ d’études francophones sur les spatialités lesbiennes, que j’ai entrepris de questionner les initiatives florissantes autour de la réhabilitation du bar lesbien à Bruxelles. Aussi, j’ai choisi d’explorer quatre esquisses de bars lesbiens bruxellois : la RainbowHouse Brussels, “bar lesbien par défaut” ; L’Apéritif Lesbien de Madame Charvet, “bar lesbien performatif” ; Mothers & Daughters, “bar lesbien temporaire” ; Baragouine, “bar lesbien expérimental”. Durant dix mois, j’y ai mené une observation participante et une série d’entretiens auprès de leurs initiatrices. Pour chaque lieu, j’ai tenté de dégager les grandes logiques commerciales et militantes, ainsi que leurs modes d’imbrication. Entre héritage et renouvellement, entre autofinancement et subventions publiques, entre bénévolat et professionnalisation, ces quatre lieux visitent les différents enjeux inhérents au bar lesbien. Tous se placent dans une temporalité discontinue qui montre la complexité de la mise en visibilité des lesbiennes dans le paysage urbain..Thesis: .Subject: bar lesbien, lesbianisme, études de genre, commerce militant, bénévolat Online Resources:Click here to access online List(s) this item appears in: Travaux universitaires
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Etudes de genre

Le dernier bar lesbien de Bruxelles a fermé définitivement ses portes en 2003, soit il y a quinze ans. Loin d’être une exception, Bruxelles semble s’inscrire dans un phénomène commun aux grandes villes d’Europe et d’Amérique du Nord : la disparition des bars lesbiens. Pour autant, j’ai choisi de ne pas questionner frontalement les raisons de ce supposé phénomène - tant elles sont empreintes d’un imaginaire relevant parfois de stéréotypes de genre et sur les lesbiennes -, mais de m’intéresser à l’espace-temps particulier que représente et propose le bar lesbien. En effet, ce lieu touche à la fois à la socialisation et à l’organisation politique des lesbiennes, tout en étant un établissement commercial avec ses enjeux économiques de viabilité et de rentabilité. Aussi, mon travail s’est basé sur la question de recherche suivante : l’articulation des enjeux économiques et politiques est-elle un frein à la pérennisation des bars lesbiens à Bruxelles ?

Afin de contextualiser mon enquête, je me suis d’abord appuyée sur des textes fondateurs de la pensée du lesbianisme. Aussi, j’ai pu établir la position sociale, culturelle et politique propre aux lesbiennes, catégorie sociale qui se trouve à l’intersection des rapports de genre, de sexualité et bien souvent de classe. Ces rapports les placent en dehors de la matrice hétérosexuelle et de la masculinité hégémonique, ce qui leur coûte en visibilité mais leur offre aussi un positionnement stratégique de résistance à l’oppression de genre et à l’hétéronormativité.

L’existence lesbienne reste un lieu complexe, où se croisent les lignes de clivage et les corps, dans une diversité qui lui confère des frontières bien poreuses. D’un point de vue militant, les lesbiennes se voient organiser une lutte commune pour leur visibilité et leur appropriation de l’espace public, lutte qui leur est propre mais qui se fait parfois en coalition avec les mouvements féministes et LGBTQI+. Le bar lesbien apparaît au cœur de cet effort, en ce qu’il représente un levier de visibilisation des lesbiennes dans l’espace urbain, mais aussi dans les sphères entrepreneuriale et politique. Il est un espace-temps institué lesbien, où l’on peut s’autoémanciper en vivant son existence lesbienne, tout en organisant la résistance contre-hégémonique. Pourtant, l’objet “bar lesbien” est presque absent de la recherche, dilué dans les spatialités gays ou relégué à l’histoire passée.

C’est alors dans l’optique d’apporter ma modeste pierre à l’édifice que devrait constituer le champ d’études francophones sur les spatialités lesbiennes, que j’ai entrepris de questionner les initiatives florissantes autour de la réhabilitation du bar lesbien à Bruxelles. Aussi, j’ai choisi d’explorer quatre esquisses de bars lesbiens bruxellois : la RainbowHouse Brussels, “bar lesbien par défaut” ; L’Apéritif Lesbien de Madame Charvet, “bar lesbien performatif” ; Mothers & Daughters, “bar lesbien temporaire” ; Baragouine, “bar lesbien expérimental”. Durant dix mois, j’y ai mené une observation participante et une série d’entretiens auprès de leurs initiatrices. Pour chaque lieu, j’ai tenté de dégager les grandes logiques commerciales et militantes, ainsi que leurs modes d’imbrication. Entre héritage et renouvellement, entre autofinancement et subventions publiques, entre bénévolat et professionnalisation, ces quatre lieux visitent les différents enjeux inhérents au bar lesbien. Tous se placent dans une temporalité discontinue qui montre la complexité de la mise en visibilité des lesbiennes dans le paysage urbain.

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