ISSN de la collection : 0986-5020

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Extrait :
« C'est un peu comme une révélation, un de ces coups de foudre et de magie que la vie réserve parfois. Des visages de stars dans toutes les nuances de noir et blanc, immenses et inhabituels. Des nus masculins, d'une perfection rare. Sans faute de goût, sans arrière-pensée ni vulgarité. Les portraits sont connus. Les nus pas du tout. Il y a aussi des locomitives et des ues dans la nuit et le brouillard. Tous appartiennent à un regard. Et derrière ce regard, et c'est là une des belles surprises de la vie, il y a un homme. Un monsieur pudique et exigeant. Raymond Voinquel.
Rencontrer Raymont Voinquel, au-delà du grand photographe, c'est retrouver toute une époque. L'écouter, fascinée, raconter Arletty, Mistinguett, Edwige Feuillère, Danielle Darrieux, Jean Marais, Cocteau, Gérard Philipe, Gershwin, Raimu. Tous les grands d'une grande époque. L'entendre se souvenir, avec un sourrie dissimulant une émotion mêlée de fierté, comment Maurice Ravel, rencontréà Montfort-l'Amaury, dans la maison de campagne de Gamma Walska, propriétaire du Théâtre des Champs-Élysées, s'exclama à son propos : «Mais c'est un jeune prince que tu nous amènes! » Et, ajoute Voinquel « il s'est mis au piano pour me jouer la Valse. Je ne savais pas grand-chose sur la musique, mais je fus subjugué. »
Rencontrer un homme à qui la célébrité n'a pas rendu justice. Mais qui ne l'a pas non plus sollicitée. Trop occupé à vivre sa passion, trop effacé pour demander.
Un immense photographe de soixante-seize ans, qui accepte à peine de parler de lui - « Ce n'est pas intéressant » - et pose sur notre époque un regard critique d'amoureux de son art. Un regard exigeant, souvent déçu.
Un photographe difficilement classable, qui refuse d'ailleurs d'être classé.
Un homme à connaître en quelques pages sous forme d'entretien. C'est lui qui en a décidé ainsi...»