Recueil de textes extraits pour la plupart de diverses revues et publications, 1973-1975

Les Écrits Corsaires sont composés de deux séries d'articles violemment polémiques : la première, rassemblant des articles parus dans la presse, pourrait être qualifiée de théorique, la seconde s'intituler "pièces à conviction". Les textes ici rassemblés témoignent, dans leur emportement même, d'une identique démarche provocatrice. Une des phrases-clef du livre est celle-ci: "Je crois, et profondément, que le vrai fascisme est celui que les sociologues ont trop aimablement appelé la société de consommation". Pasolini s'en prend sans relâche à la déshumanisation de la société par la fusion des individus en un type moyen, l'homme unidimensionnel de Marcuse: "la révolution de la nouvelle bourgeoisie tend à identifier bourgeois et humanité (...) aucun centralisme fasciste n'a réussi à faire ce qu'a fait le centrisme de la civilisation de consommation." Pasolini est un polémiste; il veut frapper fort. En somme, sous la bannière à tête de mort de son vaisseau imaginaire, Pasolini peut, sans qu'on l'accuse de paradoxe, prétendre abhorrer la violence, et laisser entendre que l'épisode des Marchands du temple autorise quelque vigueur. La volonté de ne rien dissimuler dans sa recherche de la vérité est sa seule provocation.

Albert Camus a écrit que seule la sottise des hommes s'obstine à conserver des frontières entre l'Italie et la France: nous, Français, sommes en effet très concernés par ce que Pasolini a à dire.