Les acceptions négatives entourant les applications de rencontres et la bisexualité se rejoignent sur de nombreux points, toutes deux étant accusées de favoriser l’infidélité, le libertinage, voire la perversion. La bisexualité des jeunes est souvent niée et envisagée comme transitoire. Ce sont à ces préjugés qu’entend répondre ce mémoire en se demandant de quelle manière les applications de rencontres s’inscrivent dans les recherches intimes des jeunes bisexuel∙les. Cette enquête souhaite tenir ensemble les usages et les trajectoires relationnelles. Pour ce faire, j’ai mené douze entretiens auprès de jeunes attiré∙es par plus d’un genre et âgé∙es de 18 à 25 ans. Ce volet a été complété par des observations en ligne et l’accès aux profils des jeunes rencontré∙es. Le mémoire montre d’abord que les applications sont le lieu d’une socialisation à la bisexualité des jeunes. Elles participent à leur socialisation affective et sexuelle mais aussi plus spécifiquement, leur permettent de découvrir, tester et confirmer des attirances pour plus d’un genre, ainsi que de développer un sentiment d’appartenance à une communauté LGBT, parfois bisexuelle. Un second résultat de cette recherche porte sur la manière dont ces jeunes se définissent, qui passe par une forte remise en question des bicatégorisations de genre et de sexualité. Ces critiques se retrouvent dans leur usage des applications. Enfin, ce mémoire s’attache à montrer que les jeunes bisexuel∙les opposent les applications selon qu’ils les perçoivent comme plus ou moins hétéro- et androcentrées. Cette typologie oriente leurs usages de ces dernières et leur permet d'obtenir une marge de manœuvre. Ce mémoire a finalement montré que l’invisibilité de la bisexualité est reproduite sur les applications de rencontres. Elle invite également à développer les études sur la bisexualité, invisibilisée autant sur les applications comme dans les recherches universitaires.